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Respecter son cheval : quels sont ses besoins ?

Les chevaux en liberté vivent en harde plus ou moins élargie en fonction des périodes, mangent en broutant entre 15 à 16h, se reposent 4 à 5h (de façon plus ou moins profonde suivant leur position), en état de surveillance environ 2h et en marche 2h.

L’idéal est de respecter au mieux les besoins qui découlent de cette façon de vivre : donner au cheval des conditions de vie qui lui permettent de se nourrir et boire à volonté (foin, eau claire), d’être proche de ses congénères (jeux, interactions sociales, stimulations, sécurité, qualité du repos), d’avoir accès à une pâture (avec abris naturels ou non) pour son besoin de mouvement : ce qui améliore ses relations à l’humain, diminue les comportements anormaux (stéréotypies, dépression..) et les maladies (boiteries, coliques, pathologies respiratoires..).


Si l’on veut aller plus loin, pour mieux les comprendre, nous devons prendre conscience de leur extraordinaire potentiel mais aussi de leurs limites.

Leur vision, panoramique en raison de la position de leurs yeux, présente quelques subtilités.

 

Seule une partie de son champ de vision de face est binoculaire (vue par les deux yeux en même temps, de face avec un petit angle mort, sa vision monoculaire sur le côté ne lui permet pas d’appréhender la profondeur, la Fovéa au centre de l’œil est la zone de la rétine ou la vision est plus précise (légèrement excentrée : il doit relever l’encolure pour mieux voir de loin). Il perçoit les couleurs sauf le rouge.

Les chevaux ont une grande capacité à percevoir les mouvements : il vaut mieux leur donner des indications visuelles de façon mobile plutôt que statique.

Ils ont plus de difficultés que nous à s’adapter aux changements rapides de luminosité. (D’où leur difficulté à entrer dans un endroit sombre tel que les vans, par exemple, par temps ensoleillé).

Il faut avoir à l’esprit que les chevaux aux comportements imprévisibles et anormaux peuvent avoir un problème de déficit visuel.

Leurs oreilles sont extrêmement mobiles et leur permettent de capter rapidement la source d’un son. Si leur ouïe dépasse largement la nôtre, ils entendent moins bien que nous les fréquences basses mais perçoivent mieux les fréquences hautes, c’est-à-dire les ultrasons. Ce qui peut expliquer certaines de leurs réactions à des bruits que nous n’entendons pas. 

Il faut garder à l’esprit que certains déficits d’audition peuvent être à l’origine de comportements imprévisibles.

Leur sens de l’olfaction, extrêmement développé avec des naseaux pointés dans des directions opposées, est source de nombreuses informations tant au niveau de l’environnement que dans les interactions sociales. Le fait de sentir longuement les crottins de leurs congénères permet aux chevaux de déterminer s’il est mâle ou femelle et de reconnaître son degré de familiarité.

Leur gustation leur permet d’identifier l’amer, le sucré, le salé et l’acide. A l’état naturel, ils mangent une grande variété d’herbes, de fruits, de feuilles et de branchages. J’ai pu remarquer, lors de nos promenades, que ma jument privilégie certaines plantes en fonction de ses besoins comme certaines à l’action anti-inflammatoire, diurétique etc, et en dehors des pommes et des carottes, elle adore les mûres…

Pensons à varier leurs plaisirs !

Leur sensibilité tactile : la très grande sensibilité de la peau du cheval est variable selon les différentes parties de son corps. Il faut en tenir compte dans les soins qu’on lui procure : que ce soit le pansage ou les caresses … (on voit encore certains cavaliers claquer l’encolure de leur cheval pour le récompenser !!!).

Penser également à l’intérêt des vibrisses du bout du nez qui lui servent à explorer et pallient l’angle mort visuel … (à ne pas couper !)

Les chevaux ont besoin de se gratter et de se rouler. Mettre les chevaux en groupe leur permet d’avoir des relations positives avec le grooming (toilettage mutuel) qui améliore leur bien-être. Leur offrir de quoi se gratter : en box ou au pré, brosses, arbres, des zones plus meubles pour les roulades (sable, paille) et le couchage.

Lorsque nous imitons le grooming à la base du garrot, cela entraîne une diminution du rythme cardiaque (Feh et al, 1993), réservons-nous des moments uniquement dédiés à son bien-être en lui offrant des séances de gratouilles à l’écoute de ses préférences.

Il faut préalablement savoir reconnaître les signaux de contentement du cheval afin de bien interpréter ses messages : la lèvre supérieure est avancée, les oreilles alignées avec le chanfrein, les yeux mi ouverts.

Nous pouvons voir que le cheval est d’une extrême sensibilité, adaptons-nous à lui. Observons le dans toutes les situations du quotidien pour tenter de décrypter ses ressentis. 

***

Nous savons que les chevaux sont doués d’une grande sensibilité et sont des scanners émotionnels mais existe-t-il des études démontrant qu’ils peuvent nous reconnaître, se souvenir de nous, percevoir nos émotions, nos intentions, peuvent-ils réagir avec nous en fonction de notre attitude envers d’autres chevaux ? Ont-ils la capacité d’imaginer ce que nous pensons ?

Des études ont été faites afin de mieux se rendre compte de leurs capacités cognitives et les résultats sont étonnants.

Reconnaissance

Une étude a démontré que les chevaux semblent capables de reconnaître les portraits de personnes différentes même lorsqu’il s’agit de jumelles, (Article Sherril Stone en 2010), et une seconde étude prouve que les chevaux reconnaissent les personnes en vidéo – même grimées – qui ont pris soin d’eux mais aussi ceux qui les ont côtoyés 6 mois auparavant. (Etude L Lansade et al. Scientific Reports, vol. 10, 2020, p6302 & Frontiers in Psychology, vol. 11, 2020).

Reconnaissance de nos émotions

Les chevaux savent reconnaître nos émotions suivant l’expression du visage et des voix, y sont sensibles et y réagissent émotionnellement en retour. Des tests ont été fait en écoutant le rythme cardiaque qui augmentait lorsque les chevaux écoutaient des voix en colère, et s’apaisait avec des voix joyeuses. (Nakamura, Takimoto-Inose A et Hasegawa T, Scientific Reports vol 8, 2018, 8660, & Trösch M et al, Animals, vol 9, 2019, 862).

Ce qui prouve que nous devons être attentifs à la qualité de toutes nos interactions avec les chevaux. Une prise de contact sereine et souriante sera bénéfique à nos relations, sachant qu’il est important de ne pas faire semblant…

Réputation

Un cheval est capable d’attribuer une réputation aux humains suivant la manière dont ils se comportent avec un autre cheval. Il modifie alors son comportement avec cet humain.

Cela a été démontré en 2020. Deux courtes vidéos ont été montrées aux chevaux : dans la 1ère, un soigneur grattait le cheval dans la crinière, ce qu’il appréciait beaucoup en montrant une réaction de grooming, (lèvre supérieure en avant, oreilles vers l’arrière). Dans la 2nd, il s’agissait d’un vétérinaire qui faisait un « soin » avec un spray sur un cheval qui montrait de l’anxiété.

 

Les chevaux ont montré un grand intérêt aux vidéos. Ils ont reproduit la même émotion montrée par les chevaux sur la vidéo.

 

Les acteurs, présentés aux chevaux, ont bien été reconnus. Et, contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, ils se sont plus intéressés au « vétérinaire » : pour apaiser ce qu’ils ont perçu comme un conflit (ce qu’ils font habituellement avec leurs congénères). (Trösch M. et al., animal cognition, 2020).

Intention
Une autre étude a prouvé que les chevaux sont capables de comprendre certaines intentions humaines : dans l’expérimentation, une carotte était proposée mais pas donnée : 1° avec l’intention de la donner, 2° sans intention. Les chevaux ont alors davantage insisté pour obtenir la carotte lorsque la personne avait l’intention de la donner mais n’y parvenait pas, alors qu’ils ont abandonné plus rapidement dans l’autre cas. (Trösch M, Bertin E, Calandreau L, Nowak R et Lansade L, Animal Cognition, vol 23,2020, p 1035-1040).

Une autre expérience de L. Lansade a prouvé qu’ils ont la capacité d’imaginer ce que nous savons. Deux seaux avec couvercles sont au sol, une personne à côté de chaque seau, l’une fait face aux seaux, l’autre leur tourne le dos. Un cheval regarde la scène. Une 3ème personne vient mettre des granulés dans l’un des seaux, referme le couvercle et part.

Le cheval, libéré, va droit au seau rempli mais ne peut ouvrir le couvercle. Il choisit bien la personne qui a regardé la scène de remplissage pour l’aider. Ce qui signifie également que les chevaux tiendraient compte de notre incapacité à voir derrière nous, alors qu’eux-mêmes voient pratiquement à 360° !! (Trösch M et al, Behavioural Processes, vol. 166, 2019, 103906).

De plus, pour demander d’enlever le couvercle, le cheval a touché la personne avec son nez. Soyons attentifs lorsqu’ils font ce geste et tentons de comprendre leur demande.

Mémorisation

Ceux qui côtoient les chevaux savent qu’ils ont de grandes capacités de mémorisation. Des études ont été faites sur la mémoire à long terme et la mémoire dite de travail.

Une étude publiée en 2009 a démontré, suite à un apprentissage de reconnaissance de symboles, que quelques chevaux les ont mémorisés à 6 ans d’intervalle, tels que le trèfle, imprimés sur feuille A4… ! (Hanggi EB & Ingersoll JF Animal Cognition, vol 12, 2009, p 451-462).

Une autre étude, plus complexe, consistait pour le cheval à distinguer parmi deux formes identiques, laquelle était la plus grande. Sept ans plus tard, le cheval se souvenait de la consigne !

Quant à la mémorisation des humains qu’ils rencontrent, une expérience de pansages différents a été faite avec la même personne pendant 15 jours : sur le 1er groupe de chevaux, le pansage ne tenait pas compte de leurs réactions d’inconfort ou de confort – ce qui est le cas la plupart du temps – et sur le 2nd groupe, le pansage tenait compte des réactions du cheval. Les chevaux du 1er groupe signalaient leur inconfort, alors que ceux du 2nd groupe montraient leur bien-être.

Un an plus tard cette même personne a pratiqué un pansage doux et neutre sur les deux groupes, et pourtant, les chevaux de chaque groupe ont reproduit les expressions faciales qu’ils avaient eu un an auparavant ! (Lansade L. et al, Scientific Reports, vol 8, 2018, 14680).

Il faut donc avoir à l’esprit que nos comportements avec les chevaux laissent une trace durable chez eux et peut réactiver des émotions suivant la façon dont nous nous sommes comportés à leur égard par le passé.

Par contre leur mémoire de travail (c’est-à-dire à court terme, qui stocke temporairement les informations), n’excède pas 20 secondes lorsqu’il n’y a pas de situation stressante. (Valenchon M, Levey F, Fortin M, Leterrier C & Lansade L Animal Behaviour, vol 86, 2013, p 1233-1240).
Il faut en tenir compte lors des apprentissages : les récompenser instantanément lors d’une bonne réponse à notre demande.

Quelques remarques,

Connaître les différentes expressions faciales, les postures, les états émotionnels et prendre le temps d’observer son cheval peut permettre de voir sa peur, sa colère, sa frustration et d’agir avant que ces émotions n’entraînent des problèmes de comportement et de santé pérennes (ulcères et problèmes inflammatoires, agressivité, tics et dépression).

Les chevaux les plus émotifs ont tendance à surveiller plus souvent ce qui se passe autour d’eux. Estimer la durée passée par un cheval à surveiller l’environnement peut nous renseigner sur son niveau d’anxiété.
Il peut être judicieux de prévoir les visites vétérinaires à l’abri des regards des autres chevaux afin d’éviter la contagion émotionnelle qui pourrait en résulter face à des chevaux déjà sensibles ou émotifs.

Adaptons notre comportement à leur sensibilité afin d’établir une relation de confiance. A leur contact, soyons calmes, patients, persévérants et doux, évitons les gestes brusques, utilisons un langage corporel et verbal clair et soyons attentifs à nos intentions et aux émotions que nous projetons.

Non seulement le cheval a des compétences liées à la nécessité de trouver sa nourriture, vivre en groupe, se souvenir de ses congénères, des lieux et des situations déjà rencontrés, d’associer des évènements et d’y réagir correctement, mais il est également capable de retenir des formes abstraites n’ayant rien à voir avec son environnement naturel. D’où sa grande capacité d’adaptation à notre monde.

Nous avons vu que les chevaux étaient capables de reconnaitre et ressentir nos émotions.

Et nous ?

Nous donnerons-nous les moyens de nous adapter à eux et à leur si grande sensibilité, au mieux de nos capacités et de nos connaissances, afin de leur rendre toute l’attention et l’amour qu’ils nous portent ?

Si vous rencontrez des difficultés ou avez des interrogations face à l’attitude de votre cheval, n’hésitez pas à prendre contact avec nous.

Sources et pour approfondir : Votre cheval dévoilé de SYLVIE CHAIFFRE, Dans la tête d’un cheval de LÉA LANSADE & Ifce.

Nathalie J.


 

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